Lecture de Julien Maret, auteur de Rengaine (2011) et d’Ameublement (2014), éditions Corti

Né à Fully en 1978, Julien Maret est l’auteur d’un premier roman, Rengaine (Corti, 2011), suivi d’Ameublement (Corti, 2014). Il étudie la philosophie à l’Université de Strasbourg avant de fonder sa revue littéraire, L’Ablate, qui réunit, entre autres, des compositions d’écrivains valaisans. Deux ans plus tard, il créé le magazine Coma, qui met à l’honneur la littérature francophone, germanophone et italophone contemporaine. Il collabore également aux revues en ligne Coaltar et Millepiani. En 2007, il intègre l’Institut littéraire suisse. Julien Maret vit actuellement à Genève.

Julien Maret 1728

Dans la chute, il y a un moment où la vitesse devient constante. Arrivé à ce point de stabilité, la chute pourra durer des jours, des mois et des années, sans varier d’un pouce. Il me semble que je tombe depuis des heures mais il m’est difficile d’être plus précis, d’une part, parce que je ne porte pas de montre, pour des raisons qu’il serait oiseux de développer ici, et d’autre part, quand bien même j’en posséderais une, elle ne me servirait à rien puisque le trou est noir comme du cirage ou comme les ténèbres… (Julien Maret, Rengaine, Corti 2011)

Julien Maret 2729

c’était paisible ; quoiqu’un peu triste en suspens comme dans l’air ; comme la maison au bout du chemin goudronné ; dans l’obscurité vers les derniers jours en retrait ; quand on commence à faire le compte des souvenirs ; le tri de ses affaires le grand déménagement ; quand la mémoire gentiment doucement s’use et se torse ; à regarder en arrière de soi à hésiter à confondre ; à perdre les pédales à faire du méli-mélo à la guimauve ; la maison au bout du chemin goudronné ; avec devant un muret de pierres plates maçonnées ; deux tourelles entre le portillon des pots de fleurs ; des violettes et des pensées réunies ; des fois une paire de tulipes une paire de jonquilles ; et puis dans le cadre du portillon en fer forgé ; des roses noires les feuilles assorties ternies par les va-et-vient ; par le passage des robes sombres des soupirs ; qui semblaient s’en aller se retirer ; se réfugier derrière le cyprès se recroqueviller ; la maison au bout du chemin goudronné ; […] (Julien Maret, Ameublement Corti 2014)


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